L’EPJT à l’heure américaine

Si la pandémie continue à frapper, le processus démocratique, lui, se poursuit outre-Atlantique. Dans moins de deux semaines, les Américains se rendront aux urnes pour désigner leur futur président ainsi que leurs représentants nationaux aux législatives. Les étudiants de l’EPJT ont eu la chance de suivre l’action sur le terrain, virtuellement du moins grâce à l’ambassade des Etats-Unis.

Avec huit autres établissements du supérieur en France, l’EPJT a accepté l’invitation de participer à un webinaire organisé par l’ambassade des États-Unis d’Amérique à Paris jeudi 22 octobre. Participaient en tant que modératrice Elizabeth Martin-Shukrun, conseillère culturelle de l’ambassade, et comme intervenantes deux journalistes d’Associated Press : Meg Kinnard journaliste spécialiste des sujets de diversité ethnique et Katrease Stafford, correspondante de l’agence pour la Caroline du Sud et le Michigan.

À l’ordre du jour des discussions : les élections américaines 2020 et plus particulièrement les changements possibles dans les swing states, ces États charnières au vote indécis. Vingt-trois étudiants de l’EPJT ont suivi les échanges en direct par visioconférence pendant une heure. « C’était très intéressant et extrêmement complet, a remarqué Marion Chevalet, étudiante en première année de la formation en journalisme. On a pu se rendre compte de toute la diversité géographique et socio-économique et leur poids dans les élections. »

Quand dans les Etats du nord, la question raciale s’exprime dans le mouvement Black Lives Matter, dans le Sud, les revendications des électeurs noirs portent sur la réforme de la justice.

Les médias se concentrent avant tout sur les deux candidats dans le combat pour la Maison Blanche. Le commentaire et l’analyse des trois femmes sortait de ce face à face aux yeux des étudiants. La question de la diversité a été centrale lors des échanges, notamment en ce qui concerne le vote de la communauté afro-américaine.

Katrease Stafford faisait remarquer qu’à Détroit, dans le Michigan, le mouvement Black Lives Matter (la vie des Noirs compte aussi) jouait un rôle de plus en plus important. Meg Kinnard témoignait, elle, que dans le Sud, les électeurs noirs, avaient souvent été déçus par le traitement de certains sujets, comme par exemple la réforme du système pénal. L’électeur, peu importe ses origines ethniques, peut s’intéresser à tout type de sujet politique, concluait la journaliste.

Les étudiants ont posé de nombreuses questions sur ce qui a changé en 2020 par rapport à 2016 et le rôle de la pandémie mondiale dans les élection de cette année. Les journalistes ont rappelé que les électeurs qui ont déjà voté par correspondance sont bien plus nombreux que d’habitude et que le système de comptage des voix, géré au niveau de chacun des 50 états et non nationalement, sera poussé à ses limites cette année. Un résultat le 3 novembre semblait donc peu probable pour Meg Kinnard.

En même temps, cette distance physique entre la campagne et l’électeur même (les meetings traditionnels, par exemple, ont dû être annulés ou organisés autrement) laisse la place à une campagne digitale et sur les réseaux sociaux. Un tel basculement vers une campagne en ligne est cependant problématique notamment à cause de la fracture numérique notamment dans le Michigan.

 

C’est justement sur ce sujet que la modératrice a sélectionné deux questions de l’EPJT : sur l’influence des mouvements conspirationnistes comme QAnon et sur l’efficacité des sondages. Pour combattre les fake news, les journalistes ne peuvent pas lâcher l’affaire et le fact-checking est une machine qui ne cesse jamais, répond-on aux étudiants.

En France, les médias se focalisent sur une perspective nationale de l’élection présidentielle. Mais de la diversité aux fake news, « c’était la vision locale entre les deux Etats disputés qui était particulièrement intéressante », a remarqué Flavie Montila, également étudiante en première année à l’EPJT.

Le webinaire a non-seulement pu offrir un commentaire politico-culturel mais a aussi rempli un objectif pédagogique. Les étudiants ont apprécié les conseils des journalistes à la fin de la séance. Meg Kinnard a notamment insisté sur la nécessaire neutralité du journaliste qui rédige un article d’actualité sur un sujet politique. Pour Katrease Stafford, la curiosité constante est « the key to success » (la clé du succès).

Jamie S. SMITH
Enseignant en anglais
Responsable Relations internationales du département Information-Communication

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