Antoine, Comte, Gilles Van Kote, Stefano Montefiori, Carmen Ionescu, Guillaume Sergent et Laure d’Almeida lors du Café Europa, une intitiative de l’Institut français qui a eu lieu, entre autres, à Tours. Photo : Camille Granjard/EPJT

Renouer la confiance entre le public et les journalistes, malgré l’abondance de fausses informations, voilà l’objectif du Café Europa qui s’est tenu à Tours, le 5 mars 2022. Une rencontre animée par des étudiants de l’EPJT et initiée par l’Institut français.

C’est à la brasserie de l’Univers que la Roumanie et la France ont partagé un café, samedi 5 mars 2022, à Tours. Thème de la rencontre : l’indépendance de la presse et la désinformation. Un défi bien connu des étudiants de l’École publique de journalisme de Tours puisque, chaque semaine, ils alimentent le site de fact-checking politique, Factoscope. C’est surtout un enjeu de taille pour le Vieux Continent, au moment où une guerre, aussi bien militaire qu’informationnelle, sévit sur le sol ukrainien.

Organisée dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, l’évènement Café Europa 2022 a donc permis aux journalistes et aux citoyens de Tours et de Brasov (Roumanie), d’échanger sur les sujets tels que la vérification de l’information et la liberté de la presse. Une initiative lancée par l’Institut français et déclinée dans 26 autres cafés des pays membres de l’Union.

Photo : Camille Granjard/EPJT

Autour de la table, côté français, les invités étaient Gilles Van Kote, directeur délégué aux relations avec les lecteurs au Monde ; Stefano Montefiori du journal italien Corriere Della Serra ; Carmen Ionescu, journaliste sur Radio Romania et enfin Guillaume Sergent, du quotidien de presse régionale, La Nouvelle République.

À Brasov, en Roumanie, étaient réunis Ovidiu Vacaru, journaliste du quotidien roumain Monitorul Epres ; le reporter télé, Mirko Stefan, et le journaliste Baptiste Bize, de La Nouvelle République également.

Les étudiants de l’EPJT, Laure D’almeida et Antoine Comte ont animé le débat à la brasserie de l’Univers, en ligne directe avec Brasov où, Clara Jaeger et Lucas Turci, deux autres étudiants de l’EPJT, assuraient l’exercice de présentation.

Le débat s’est ouvert sur la question suivante : « Comment procéder pour diffuser, en temps de conflit, une information fiable ? » La réponse est unanime : il faut comparer les sources, ne pas prendre pour argent comptant ce qui est dit car, comme l’explique Gilles Van Kote : « Vérifier l’information, les sources, c’est le cœur du métier ». Il est par ailleurs persuadé que le fact-checking peut desservir le travail de vérification : « Il faudrait inventer une expression en français pour dire qu’on débunke les fausses informations. Ce n’est pas tout à fait la même chose. Le fact-checking est une expression qui provoque beaucoup de confusion. »

L’actualité a été au cœur du débat avec des questions sur la présidentielle, la suspension des médias RT et Sputnik en Europe, la pandémie.

Antoine Comte, Gilles Van Kote, Directeur délégué aux relations avec les lecteurs au Monde, et Stefano Montefiori, du Corriere Della Serra à l’écoute des questions du public. Photo : Camille Granjard/EPJT

Chloé Plisson et Elea N’Guyen Va-Ky, deux étudiantes de l’EPJT, ont animé le fil Twitter de l’école. Photo : Camille Granjard/EPJT

Lors d’un échange avec le public, Jamie Smith, professeur à l’université de Tours, a posé une question sur la crise du coronavirus : « Un étudiant m’a confié ne plus trop faire confiance aux informations depuis la pandémie. Il préfère attendre que l’actualité se tasse avant de s’informer. Est-ce que la crise a exacerbé le manque de confiance envers les médias ? » On le constate, l’actualité anxiogène semble produire un effet contre intuitif. Au lieu de renforcer le recours aux médias du public, celui-ci finit par les rejeter.

À ces défis éditoriaux et rédactionnels, s’ajoutent le défi économique auquel certaines rédactions doivent faire face. À La Nouvelle République, il n’y a pas de cellule dédiée au fact-checking. En Roumanie, d’après Radu Coltea, « c’est compliqué car on manque de personnel dans les petites rédactions. Les grands médias comme le New York Times et Le Monde ont trouvé un modèle économique qui leur convient, avec une transition numérique. Mais en presse quotidienne régionale, nous sommes encore confronté aux enjeux de cette transition. »

Sur le terrain comme dans les rédactions, les journalistes souffrent aujourd’hui d’un manque criant de légitimité aux yeux du public. La profusion de vraies comme de fausses informations nuit autant à la production qu’à la réception du travail journalistique. Pour remédier à ce déficit de confiance, entre professionnels et lecteurs de la presse, le temps de la pédagogie mais aussi de la vérification s’impose. Une nécessité pour confronter une actualité internationale extrêmement tendue.

Manon Modicom et Anne-Charlotte Le Marec

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