Présentation du nouveau Factscope au Forum médias et développement 2023 par Laurent Bigot, directeur de l’EPJT, et Jean–Marc Bourguignon (Nothing2Hide). Photo DR
Factoscope.fr, le média de fact-checking de l’Ecole publique de journalisme de Tours (EPJT), lance une nouvelle version internationale francophone, avec des contenus et ressources de vérification et d’éducation aux médias et à l’information (EMI). En partenariat avec l’ONG Nothing2Hide et CFI Médias.
Retrouvez l’interview accordée par Laurent Bigot, directeur de l’EPJT, à RFI.
Un portail de ressources et de contenus francophones pour la vérification de l’information d’une part et pour l’éducation au média et à l’information d’autre part (EMI)… La nouvelle version du média Factoscope.fr rassemble deux axes forts de recherche et de formation des journalistes et enseignants-chercheurs de l’École publique de journalisme de Tours (EPJT).
Deux axes auxquels sont particulièrement sensibilisés les étudiants en journalisme de l’EPJT et auxquels ils contribuent tout au long de leur cursus : ce sont eux qui ont créé et qui administrent le site sous la responsabilité d’une rédactrice en chef.
Factoscope.fr représente aussi l’aboutissement des partenariats et programmes internationaux de formation et de lutte contre la désinformation menés par l’EPJT et ses partenaires dans de nombreux pays francophones, tout particulièrement en Afrique, de la République Centrafricaine au Liban en passant par le Cameroun, la Tunisie, la Mauritanie, etc.
Pour cette troisième version de Factoscope.fr, l’EPJT a travaillé en étroite collaboration avec CFI Médias et Nothing2Hide.
Filiale du groupe France Médias Monde, CFI Médias agit « pour favoriser le développement des médias en Afrique, dans le monde arabe et en Asie du Sud Est ». Il organise en Afrique un programme appelé Désinfox Afrique qui a permis de former de très nombreux journalistes à la vérification de l’information.
Nothing2Hide est, quant à elle, une ONG spécialisée « dans la sécurité numérique qui met la technologie au service de la protection et de la diffusion de l’information pour renforcer les démocraties partout dans le monde ».
Les pays dont les médias participent au projet Factoscope.
Le projet Factoscope a débuté en 2017, à l’occasion de la campagne présidentielle. Il s’agissait pour les étudiants spécialisés en presse écrite Web de l’EPJT de mettre en lumière les approximations des discours des candidats.?Ils ont donc agrégé le fact-cheking politique effectué par différents médias (Libération, Le Monde, Les Surligneurs, Arte, la 5, etc.). Mais également en menant leurs propres vérifications.
Après la présidentielle, une nouvelle mouture, 2017-2022, a eu pour ambition de réunir le fact-checking du monde politique français sur toute la durée de ce quinquennat. Il s’agissait de vérifier les faits mentionnés dans les discours des hommes et des femmes politiques et, ainsi,de donner aux citoyens le maximum d’éléments de compréhension et de contextualisation de ces déclarations.
Ce projet a permis à l’EPJT de gagner le prix Newstorm France Info et un certificat d’excellence en Innovation pédagogique, remis par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation en 2017.
Désormais, le propos de Factoscope.fr est de renforcer la lutte contre la circulation des fausses informations. A cette fin, il propose de nombreux contenus et ressources qui sont autant d’outils mis à la disposition des journalistes et du grand public pour vérifier l’information et sensibiliser aux enjeux informationnels.
Factoscope.fr agrège les articles de vérification des faits issus de médias formés aux standards internationaux de la vérification, notamment dans le cadre du projet Désinfox de CFI. Ils peuvent être filtrés par par pays, par thèmes, par médias, etc.
Pour ce qui est des contenus de vérification, Factoscope.fr noue des partenariats avec des médias issus de nombreux pays francophone, comme le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, la République Centrafricaine, etc.
Ces rédactions bénéficient de conseils et du suivis de leur travail (les textes sont réédités et enrichis si besoin) au-delà des séances de formation initiale qui leur ont permis de créer des cellules de vérification de l’information.
En effet, le travail des journalistes vérificateurs est particulièrement exigeant et, par exemple, seule une centaine de médias dans le monde sont actuellement en mesure de satisfaire aux critères du Code de principes de l’international fact-checking network (IFCN) par exemple, standards que cherchent à atteindre ces différentes cellules.
Pour ces rédactions francophones, l’idée est également de valoriser les contenus de vérification à l’échelle du monde francophone et de sécuriser ces contenus parce qu’ils sont potentiellement attaqués par des groupes qui ont des intérêts à défendre, qui ne vont pas supporter que les informations qu’ils font circuler soient vérifiées par des journalistes qui font du fact-checking et qui mettent à mal leurs intérêts. Un certain nombre de médias vérificateurs font face à des attaques, notamment informatiques mais parfois aussi physiques, et il est important que l’on puisse conserver la trace de ce travail de vérification et en assurer la pérennité.
Pour ce qui est des contenus d’éducation aux médias et à l’information, de la boîte à outils numériques et des contenus de recherche mis gratuitement à la disposition de tous, Factoscope.fr répond à un enjeu de formation des journalistes, des étudiants en journalisme, mais également de tous les acteurs de l’EMI et plus globalement de l’ensemble des publics.
Il existe en effet un enjeu pour que les citoyens puissent se repérer dans le flux de l’information, apprendre à identifier et vérifier les informations qui circulent sur Internet et sur les réseaux sociaux notamment.
Les pages outils et pédagogie proposées par Factoscope.fr. En cliquant sur l’image, vous arriverez directement dessus.
Car aucune rédaction bien évidemment ne pourra jamais vérifier tout ce qui est diffusé. En revanche, chacun peut s’emparer d’un certain nombre d’outils, acquérir des réflexes (a minima celui du doute et si possible celui de la vérification un peu plus pointue) pour cesser de relayer et de diffuser à grande échelle des rumeurs, des fausses informations, des théories complotistes, etc. Celles-ci mettent à mal, partout dans le monde, les savoirs et les vérités établies en santé, en économie, en histoire, en science… Et finalement aussi, parfois, les démocraties.