L’émergence des réseaux sociaux conduit les médias à adapter leurs contenus. Margarita Govorine, journaliste à l’AFP spécialisée dans les réseaux sociaux, et Carole Bélingard, rédactrice en chef des réseaux sociaux de Franceinfo, Cquoilinfo? et Mission info, ont échangé mardi 4 février 2025 avec les étudiants de l’EPJT et le public sur les enjeux et les spécificités de ce nouveau moyen de transmission de l’information.
»Dans ce contexte, de nombreux médias s’ouvrent aux réseaux sociaux, en parallèle de leurs publications papiers, web, télévisuelles ou radiophoniques. « Être sur les réseaux sociaux nous permet de compléter notre vitrine pour notre activité B2B mais aussi d’apporter une confirmation de l’information et d’avertir le public sur des éléments graves et d’expliquer l’actualité », a développé Margarita Govorine. Un outil également nécessaire selon Carole Bélingard, rédactrice en chef des réseaux sociaux de Franceinfo, qui a notamment lancé « Cquoilinfo? », une émission destinée aux adolescents, en septembre 2024.
Bien que l’information peut aussi se transmettre sur les plateformes par écrit ou par son, il est intéressant de se

Tenir en haleine les utilisateurs des réseaux sociaux sur le contenu que l’on produit, un défi de taille selon Margarita Govorine. Photo : Edgar Ducreux/EPJT
pencher sur le cas de la vidéo car plusieurs spécificités inhérentes aux réseaux sociaux sont à noter en comparaison à la télévision. « L’accroche est cruciale. Une personne reste en moyenne moins de trois secondes sur une vidéo », a relaté Margarita Govorine. Publier une vidéo rythmée et adaptée au fil des utilisateurs est donc essentiel.
Sur les réseaux sociaux, beaucoup de vidéos sont incarnées par les journalistes, afin de créer une identification, contrairement aux sujets télévisés, mais ce choix ne doit pas pour autant devenir un réflexe. « Nous savons que l’incarnation sur les réseaux sociaux est importante, elle fait partie des codes. Mais des sujets passés au journal télévisé sans incarnation et que nous remanions ont aussi leur place sur les réseaux sociaux. Il faut un mélange des deux dans un compte », a expliqué Carole Bélingard. « À l’AFP, l’incarnation c’est 20 % de notre production. Le reste, c’est surtout des reportages réalisés en vertical ou des reprises en desk de ce que l’on produit dans le monde entier », a complété la journaliste agencière.
« Nous ne voulons pas abandonner la plateforme et la laisser à la désinformation »
En outre, chaque plateforme possède ses propres codes et il est indispensable « d’adapter son contenu et de ne pas publier les mêmes choses partout car le public et les attentes sont différents », a souligné Margarita Govorine.
Sur les réseaux sociaux, les journalistes se retrouvent directement en lien avec les utilisateurs. « Ils nous amènent à être très humbles, les commentaires c’est du direct, a estimé Carole Bélingard. Lorsque l’on fait une vidéo de fact-checking, par exemple, certains nous remercient mais d’autres restent méfiants. »

Carole Bélingard, rédactrice en cheffe des réseaux sociaux à France Télévisions, a également apporté son point de vue sur les enjeux de l’information sur les réseaux sociaux. Photo : Edgar Ducreux/EPJT
Au-delà de ce contact avec les utilisateurs, la diffusion du travail médiatique est soumise aux algorithmes des plateformes, qui mettent la presse plus ou moins en avant, indépendamment de leur volonté. « À Franceinfo, nous avons connu une traversée du désert sur TikTok même si aujourd’hui nous y sommes boostés », a révélé Carole Bélingard.
Ces dernières semaines, beaucoup de médias ont par ailleurs quitté X et dénoncé des dérives politiques de la plateforme envers la presse. Franceinfo et l’AFP ont fait pour l’instant le choix de rester sur cette application. « Nous ne voulons pas abandonner la plateforme et la laisser à la désinformation, même si nous savons que nous n’y sommes pas mis en avant, a précisé Margarita Govorine. Aujourd’hui, nous pouvons faire notre travail librement et choisir les sujets que nous souhaitons. Si nous nous faisons censurer, nous partirons. »
Les réseaux sociaux représentent donc un enjeu majeur pour l’avenir du journalisme et conduisent les journalistes à se former sur différents supports. « Les médias embauchent de plus en plus à des posts où il faut être polyvalent, où il faut savoir tourner, monter et rédiger », a expliqué la journaliste de l’AFP.