Les deux conflits majeurs qui secouent l’Europe et le Moyen Orient occupent largement l’esprit des journalistes et des étudiants. Avec cette question : comment parler de ces guerres quand on est un média engagé. Pour y répondre, l’EPJT et le Club de la presse du Centre-Val de Loire ont organisé une conférence qui a réuni deux journalistes de L’Humanité, Rosa Moussaoui et Vadim Kamenka.
Sémantique, sources ou encore choix des sujets, le traitement médiatique de ces guerres est parfois remis en question par le lectorat.
L’Humanité, quotidien national de gauche, assume un traitement engagé affirme Vadim Kamenka, rédacteur en chef du service international : « Nous donnons la parole au peuple. C’est ce qui fait la particularité de notre quotidien. » Rosa Moussaoui, la rédactrice en chef du journal, ajoute : « Nous sommes engagés pour la paix. »
Mais engager ne rime pas avec opinion, l’objectif est de relater les faits. « Nous livrons à nos lecteurs une information vérifiée et recoupée », insiste Rosa Moussaoui.
Afin d’apporter aux lecteurs cette information vérifiée, il est primordial d’aller sur le terrain. « Notre objectif est de raconter ce qui se passe sur le front et derrière le front », détaille Vadim Kamenka. Lui connaît bien les terrains de guerre puisqu’il a été correspondant en Russie et en Ukraine de nombreuses années. Et depuis le 22 février 2023, il continue à se rendre sur place. « Être sur le terrain, c’est la possibilité d’obtenir une information indépendante sans être soumis à une autorité belligérante », complète Rosa Moussaoui.
Mais travailler de façon indépendante, sans subir la pression des Etats, devient de plus en plus compliqué dénoncent-ils tous les deux. « Les conditions de travail se dégradent de plus en plus sur les théâtres de guerre. Les autorités empêchent les journalistes de travailler. Nous le voyons à Gaza », s’insurge Rosa Moussaoui.
De fait, depuis le 7 octobre, Israël a mis en place un blocus total qui interdit à tout journaliste étranger d’entrer dans la bande de Gaza. Sur place, les journalistes gazaouis, qui sont les yeux et les oreilles du monde, sont ciblés par l’armée israélienne. Plus de 200 d’entre eux ont été tués.
Il existe en réalité une manière d’entrer dans la bande de Gaza. L’armée israélienne organise des expéditions très cadrées dans le territoire afin de montrer ses avancées contre le Hamas. Dans le jargon, ce sont les « pools ». Les journalistes « embeddés » ne sont pas libres de leurs mouvements ni d’ailleurs de leur propos puisque leurs écrits dépendent entièrement de ce que l’armée veut bien leur montrer.
A L’Humanité, pour garantir leur indépendance, les journalistes ont toujours refusé de bénéficier de ce service.