Hommage à Clémentine

Samedi 23 décembre 2023, nous avons appris la disparition de Clémentine Vergnaud qui fut étudiante à l’Ecole publique de journalisme de Tours de 2012 à 2015. Journaliste à France Info, elle avait témoigné de sa maladie dans le podcast « Ma vie face au cancer ». Cette nouvelle laisse la famille EPJT dans une profonde tristesse.

Clémentine lors d’une session radio à l’EPJT. Photo : Soliane Colas

Clémentine est entrée à l’EPJT en 2012. En troisième année, elle a choisi la spécialité radio. Et tous nous savions qu’elle réussirait à se faire une place dans son média préféré. Elle était douée, bosseuse, opiniâtre, se remettant constamment en question, replaçant l’ouvrage sur le métier autant de fois que nécessaire.

Mais Clémentine n’était pas que cela. C’était une personnalité attachante, lumineuse. Un de ses enseignants a dit d’elle : « Il est des étudiants dont on n’oublie jamais le nom ni le visage. Je garde de Clémentine le souvenir d’une étudiante investie, curieuse de tout, ce qui devait faire d’elle une excellente journaliste, empathique et humble. »

Pour Laurent Bigot, directeur de l’école, dont elle fut l’étudiante également, Clémentine était « une jeune femme décidée, qui dissimulait parfois sa grande sensibilité derrière une assurance de façade ».

Laure Colmant, journaliste et enseignante, aura, quant à elle, été marquée par son sourire très doux et son regard rieur, son humour : « Elle ne se laissait jamais démonter et avait la répartie facile. Facile, mais toujours juste et jamais irrespectueuse. »

Ses camarades partagent également leur tristesse. Camille tempête contre l’injustice de partir si jeune : « Elle était si douce, si réfléchie, drôle et attentive aux autres toujours. Et forte, si forte… »

Pauline se souvient sur X de leurs « premiers pas au micro du petit studio de l’EPJT, nos nuits à préparer des matinales, sa rigueur et son amour inconditionnel du reportage. Clémentine était aussi une amie fidèle dont j’admire la dignité dans les derniers mois de sa vie. Immense tristesse ». Julie ajoute : « Immense tristesse d’apprendre le décès de Clémentine. Camarade à l’EPJT, je garde en tête son sourire et sa bienveillance ! »

Les témoignages pleuvent aujourd’hui, qui décrivent la même personne, mais aussi la même stupeur à l’annonce de la nouvelle, la même tristesse, le même sentiment de révolte.

Le 20 juin 2023, Clémentine Vergnaud témoigne au micro de Léa Salamé sur France Inter.

Le monde professionnel multiplie également les hommages. Sa rédaction d’abord : « La rédaction de Franceinfo a perdu l’une des siennes, une femme merveilleuse, une journaliste de grand talent, une amie pour beaucoup », a écrit Jean-Philippe Baille, son directeur, dans un mail. Puis Radio France par la voix de Sybille Veil, sa présidente : « Vous vouliez laisser une trace. Soyez sereine, elle est inscrite en nous qui avons croisé votre chemin et écouté votre récit si fort Ma vie face au cancer. Nous ne vous oublierons pas », écrit-elle dans un post sur X. Toujours sur X, Léa Salamé qui avait reçu Clémentine en juin dernier, écrit : « Elle nous avait bouleversés un matin à la radio en racontant son histoire et on se retenait, avec Nicolas, pour ne pas pleurer devant elle. Quelle tristesse… Au revoir belle Clémentine. Nous n’oublierons ni ton courage, ni ton sourire. » Ont suivi ses confrères de la radio publique, de la presse écrite, Le Monde, Le Parisien, et bien d’autres.

Alors qu’elle avait à peine 30 ans, Clémentine a découvert qu’elle était atteinte d’un cancer incurable des voies biliaires, un cancer particulièrement agressif qu’elle n’a eu d’autre choix que d’affronter. Un an après, elle racontait la maladie dans un podcast, Ma vie face au cancer. Un témoignage émouvant dans lequel elle révélait toutes les étapes, ô combien difficiles, par lesquelles elle était passée : l’annonce, la douleur, la lutte, l’épuisement, la colère, l’angoisse face à la mort, la famille, les amis, leur sollicitude maladroite, les médecins, la lourdeur administrative contre laquelle les malades doivent lutter, ne serait-ce que pour recevoir leur dû. Avec un certain succès.

Ce témoignage a touché au cœur tous ceux qui sont atteints par cette maladie, leur entourage et au-delà. Parce qu’il est sa vérité, il est la vérité de tous. Elle témoigne, mais elle reste journaliste jusqu’au bout des ongles, dans la précision de ce qu’elle raconte, dans cette volonté de faire toucher du doigt l’indicible, ce dont on n’ose pas parler, ce que l’on n’ose pas dire. Et ils ont été nombreux à la remercier.

De ce cancer, elle est morte hier, 23 décembre 2023, juste avant noël, à l’âge de 31 ans. Dans un des épisodes de son podcast, elle se posait la question de savoir quelle trace elle allait laisser, elle qui n’avait que 30 ans, elle qui avait passé toute sa jeunesse à travailler d’arrache-pied pour intégrer ce métier, elle qui n’avait pas eu le temps de réaliser tous ses projets.

La trace qu’elle laissera, elle est là en nous qui avons eu la chance de la rencontrer.

L’Ecole publique de journalisme de Tours, ses enseignants, ses intervenants et ses étudiants, profondément touchés par la disparition de Clémentine Vergnaud, adressent leurs condoléances à son mari, à sa famille, à ses amis, à ses confrères.

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