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Google rédacteur en chef

Les journalistes face aux pièges du référencement

 

 

A l’occasion de sa Grande Conférence de Rentrée, organisée en partenariat avec le Club de la Presse Centre Val-de-Loire, l’EPJT a réuni, le 1er octobre dernier, étudiants, universitaires et professionnels autour de la délicate question – parfois polémique – du référencement web des productions journalistiques.

« Google rédacteur en chef, les journalistes face aux pièges du référencement. » Le thème retenu par l’École publique de journalisme de Tours et le Club de la Presse Centre Val de Loire pour leur Grande conférence de rentrée 2014, avait le mérite d’être d’une actualité brûlante : « Google lance une mesure de rétorsion contre des éditeurs allemands. 170 sites d’éditeurs de journaux, 20 sites de télévisions et 59 sites de radios ne verront plus apparaître que les titres de leurs articles sur le moteur, sans photos ni lignes d’accroche », titrait le jour même, sur son site Internet, Les Échos !

En cause : l’interdépendance qui s’est créée entre des éditeurs de presse soucieux de voir leurs contenus bien référencés sur le web – ceux-ci ne génèrent le plus souvent de revenus que via la publicité payés au coût pour mille clics (CPM) – et Google, devenu principal moteur de recherche mondial, trustant près de 95% des recherches faites sur Internet en France, et qui doit pour cela référencer le maximum de contenus pertinents.

Tout faire pour être trouvé

Dans l’amphithéâtre Berger de l’IUT de Tours, devant pas moins de 170 personnes dont de nombreux étudiants et membres du Club de la presse, l’EPJT a ainsi choisi de donner la parole à trois « experts » du référencement ou « Search engine optimization » (SEO), c’est-à-dire des méthodes utiles pour bien figurer dans les pages de résultats des moteurs de recherche : Guillaume Giraudet, responsable SEO du Parisien, Guillaume Sire, maître de conférences à l’Institut français de Presse, auteur d’une thèse de doctorat intitulée « La production journalistique et Google : chercher à ce que l’information soit trouvée », et David Carzon, rédacteur en chef bi-média de Télérama.

Où l’on apprenait que l’audience d’un site comme Leparisien.fr (120 millions de pages vues chaque mois) ne provient qu’à 45% de visites directes des Internautes : « Nous devons donc positionner notre marque pour générer du trafic, de l’audience via les moteurs », explique, à la croisée des champs technique, marketing et éditorial, son responsable SEO. Et de justifier sa présence aux conférences de rédaction : « Nous donnons des conseils sur les sujets attendus par les lecteurs et les titres et mots-clés qui fonctionnent… » De quoi faire réagir Guillaume Sire : « Les journalistes doivent questionner davantage cette adaptation des contenus aux exigences de Google et le mode de production qui en découle : avec 400 contenus par jour, Le Parisien fait de la production à mort ! »

A Télérama, David Carzon se sent, lui, affranchi d’un certain nombre de contraintes liées au SEO : « Pour le web, nous remettons en scène les papiers, mais à raison de 20 papiers par jour uniquement. Nous travaillons notre marque plus que notre audience. » La qualité plutôt que la quantité, en somme. Et le lien avec les lecteurs, plutôt qu’avec un intermédiaire prompt à imposer sa propre ligne éditoriale. En fait, un référencement résultat d’obscurs algorithmes.

 

Pour mémoire :

L’EPJT organise chaque année, depuis 2010, une Grande Conférence de Rentrée, en partenariat avec le Club de la Presse Val-de-Loire. Ce temps fort a vocation à traiter chaque année un thème prégnant de l’actualité de la communication et, plus particulièrement, du journalisme. Il rassemble ainsi les étudiants-journalistes de l’EPJT, les membres du Club de la Presse Val-de-Loire, ainsi que toute personne intéressée par les problématiques de l’information-communication et, plus largement, le grand public. A compter de 2014, cette Grande Conférence de Rentrée est également organisée avec le soutien de PRIM, l’équipe émergente de recherche en Sciences de l’information et de communication de l’Université de Tours.

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